Bionique : petit observatoire des inventions de la nature
S’organiser en bancs compacts
les petits poissons en boule
Des poissons en boule.
- Des poissons s’organisent en banc compact...
- Banc de chinchards
- Les chinchards composent leurs bancs en forme de boule.
Pour échapper à leurs nombreux prédateurs, les petits poissons planctonivores :
- harengs Clupea harengus,
- sardines Sardina pilchardus,
- maquereaux et chinchards Trachurus trachurus,
- anchois Engraulidae etc... s’organisent en bancs compacts qui prennent parfois la forme d’une boule tourbillonnante et scintillante ... pas toujours efficace.
- Boule tourbillonnante du banc
- Les petits poissons planctivores, pour tenter d’échapper à leurs prédateurs, s’organisent en boule . C’est l’art de la nage synchronisée...
Si les petits poissons se groupent en banc, c’est pour ne pas être mangés. Chaque poisson utilise ses yeux et ses lignes latérales sensibles au déplacement de l’eau, pour adapter sa vitesse et sa direction à celle de tous les autres poissons du banc.
Dans les mers tempérées, les bancs d’anchois (de la famille des Engraulidae) représentent un garde-manger pour des poissons plus gros.
- Anchois en banc
- Les petits anchois n’ont pas compris le danger et, juste avant de se mettre en formation de boule, ils viennent au devant de leurs prédateurs affamés.
Les harengs Clupea harengus, évitent leurs prédateurs en resserrant les rangs de leur banc, s’organisant en une boule dense et tourbillonnante.
Cette masse compacte de centaines, voire de milliers de corps, qui change constamment de forme, affole les prédateurs, requins, lions de mer (Otaridae) qui ont du mal à attraper un membre de ce groupe très solidaire. Un prédateur faisant face à un grand nombre de proies a souvent des difficultés à choisir un seul poisson (C’est le paradoxe de Buridan). Le phénomène a été appelé effet de confusion mais il peut résulter de deux processus différents dont l’un prend place dans le système nerveux central :
- le prédateur ne peut pas faire un choix parmi les membres du groupe. De nombreux prédateurs préfèrent attaquer des proies qui sont distinctes du reste du groupe par leur apparence ou leur comportement. Même des différences minimes aident le prédateur à faire son choix. Mais danc un banc, les poissons sont presques tous identiques et se comportent de façon synchrone.
- Un second processus peut prendre place dans le système nerveux périphérique : c’est la confusion sensorielle causée par un très grand nombre de proies évoluant autour du prédateur. Même si le prédateur décide d’attaquer un poisson particulier, le mouvement des autres peut distraire le prédateur et lui faire perdre le fil la confusion sensorielle est une conséquence indirecte, mais indirectement néfaste pour le prédateur, d’une bonne sensibilité à la perception des mouvements.
Quel que soit le mécanisme, il semble évident que la formation en banc trouble les prédateurs.
Un Lion de mer (de la famille des Otariinae), Otaria flavescens au milieu d’un banc de petits poissons :
- Lion de mer chassant des petits poissons
- Lion de mer Otaria flavescens
Banc de chinchards Trachurus trachurus en forme de boule :
- Boule tourbillonnante du banc
- Les petits poissons planctivores, pour tenter d’échapper à leurs prédateurs, s’organisent en boule . C’est l’art de la nage synchronisée...
Les harengs Clupea harengus, regroupés en bancs, migrent chaque jour des eaux profondes vers la surface pour se nourrir du plancton qui se concentre lui aussi à la surface, en quête de lumière. Un problème alors se pose pour les petits harengs : ils sont facilement repérables dans les eaux peu profondes où leurs écailles scintillent. Donc les harengs préfèrent rester dans les profondeurs car leurs prédateurs chassent essentiellemnt à vue. Ce n’est qu’à la faveur de la nuit qu’ils viennent, solitaires, se nourrir en surface puisqu’ils sont eux-mêmes prédateurs de copépodes et autres petits crustacés du plancton. Epars, ils nagent sans hâte, la bouche ouverte pour filtrer le plancton. Dès que pointe le jour, les harengs et autres petits poissons planctivores, se réunissent par milliers en bancs dans une harmonie parfaite, et rejoignent les profondeurs. A la moindre alerte, les bancs de harengs s’organisent en une boule compacte et tourbillonnante et ils s’ébrouent à la surface de l’eau pour tenter de fuir leurs prédateurs qui les attaquent par dessous.
les harengs Clupea harengus, de la famille des Clupeidae, pratiquent l’art de la nage synchronisée et coordonnent leurs mouvements en observant leurs voisins immédiats et en étant attentifs aux vibrations et aux sons que ceux-ci produisent. Lorsqu’ils accélèrent brusquement, ils font des bruits très clairs qu’ils n’ont aucun mal à identifier et à interpréter. Les sons se propagent dans le banc. Les petits poissons réagissent aussi très vite aux flashs de lumière que renvoient leurs écailles lorsqu’ils pivotent. Le banc se déplace dans un mouvement d’ensemble mais en dépit de l’adresse de ces poissons, leurs prédateurs prennent souvent le dessus. Lorsqu’un banc de poisson change de direction, chaque poisson se tourne, et se met à suivre le poisson qui le précède grâce à l’existence d’un organe sensoriel, la ligne latérale, lui permettant la perception des vibrations mécaniques de l’eau et ainsi, entre autres, des sons..
En Norvège, les harengs adultes évoluent à une telle vitesse que les épaulards, ou orques, Orcinus orca doivent les assommer avec leur queue pour pouvoir les capturer.
Même si les petits poissons planctivores se retirent dans les profondeurs durant la journée, ils n’y sont pas totalement en sécurité. Plusieurs de leurs prédateurs peuvent détecter leur présence en repérant les poissons eux-même ou la trainée de protéines et d’huile que laisse le banc derrière lui.
- Prédateurs et banc en forme de boule
- Les dauphins Common dolphin se réunissent aussi en banc pour chasser et attaquent leurs proies par dessous leur formation en boule.
Les dauphins (Tursiops truncatus, Delphinus delphis) et autres mammifères marins odontocètes de la famille des Delphinidae
,les baleines à bosse Megaptera novaeangliae, mammifères cétacés à fanons,
L’espadon-voilier ou Bécasse de mer Istiophorus platypterus se place sous le banc et chasse les poissons vers la surface de la mer où les attendent aussi des oiseaux :
- Espadon-voilier à la pêche
- L’espadon-voilier Istiophorus platypterus attaque le banc de poissons par en dessous.
Quel que soit l’agresseur, les harengs répliquent toujours de la même manière, en resserant les rangs et en fuyant aussi vite que possible vers la surface, où ils forment une gigantesque boule en mouvement. Tout ce remue-ménage ne fait qu’attirer d’autres affamés : les harengs se retrouvent alors encerclés de toutes parts par des bouches et des becs voraces.
Les requins, dont le requin à pointes noires Carcharhinus melanopterus, muni d’organes sensitifs sont capables de détecter les champs électromagnétiques. Des groupes de Requins à pointes noires ont été observés dans l’océan Indien rassemblant des mulets en bancs pour faciliter leur capture.
- Requin traversant un banc de poissons
- Carcharhinus melanopterus va faire demi-tour dans un instant pour continuer de déjeuner.
Les bancs de poissons peuvent inventer plusieurs manooeuvres de fuite, par exemple celle que rencontre souvent les barracudas : Le barracuda a une forme adaptée à une attaque rapide : un corps long, en forme de torpille, et muni d’une paire d’ailerons verticaux près de la queue. Lors d’une attaque, les ailerons jouent le rôle d’une seconde queue et propulsent le barracuda vers l’avant. Mais cette forme de corps n’est pas efficace pour nager , de manière prolongée, à grande vitesse. Le barracuda a tendance à se glisser jusqu’à sa proie, puis à l’attaquer d’un seul coup. Quand le barracuda s’approche lentement d’un banc, les petits poissons peuvent s’écarter, créant ainsi un vide autour du prédateur ;. Plus souvent toutefois, le banc se sépare en deux devant le prédateur. Les deux moitiés du banc tournent vers l’extérieur, nagent autour du barracuda et se rejoignent derrière lui.. Cette tactique a été baptisée effet de fontaine par Geoffry Potts en Angleterre. Il en résulte que le prédateur se retrouve avec le banc derrière lui. S’il se retourne, la manoeuvre est répétée, jusqu’à épuisement physique et moral du prédateur. Par une succession de tels mouvements, le banc échappe à un prédateur qu’il ne pourrait distancer. Mais en réponse à une attaque plus rapide, chaque poisson fuit le centre du banc. Dans une telle dispersion, chaque poisson se dirige radialement vers l’extérieur, propulsé par un seul battement de la queue. Le mouvement ressemble à l’éclatement d’une bombe. En une demi-seconde, le banc est éclaté.
Certains prédateurs, comme le barracuda et le thon, forment aussi des bancs. Chez les thons géants à ailerons bleus, , des photos aériennes montrent l’arrangement de 10 à 20 poissons répartis le long d’une courbe parabolique dont le côté concave est tourné vers l’avant.. Si les proies réagissent à cette forme de banc comme si c’était un mur solide, elles seront guidées vers le foyer de la parabole qui est l’endroit le plus pratique pour que les prédateurs les cernent et les mangent.
DES LIVRES à commander chez votre libraire ou bien à consulter en bibliothèque :
- Dans les profondeurs sous-marines. Les océans et leurs secrets. titre original : ’Into the deep’. Auteurs : Karsten Schneider (naturaliste Néo-Zélandais) & Peter Batson (journaliste scientifique). Edité chez Evergreen en 2008.
- La planète bleue. Auteurs : Andrew Byatt, Alastair Fothergill & Martha Holmes. Edité chez Larousse en 2004.
- Océan. Encyclopédie universelle Gallimard/GEO 2007.
- Océans. textes de François Sarano & Stéphane Durand. Edité au Seuil en 2009. D’après le film de réalisé par jacques Perrin et Jacques Cluzaud.
Mots-clés : Schwarmfish, shoaling and schooling, schools ball shaped, Bait ball, cardumen, cardume, banco di pesci,