Bionique  

La soupe, ou potage, aux nids d’oiseaux

nids de salangane à nid blanc ( un martinet)

Mucus

Le « potage aux nids d’hirondelles » est, en fait, cuisiné à partir des nids construits avec leur salive (une sorte de mucus) par Aerodramus fushipagus... la salangane à nids blancs, un genre de martinet, oiseau qui appartient à la famille des Apodidés.

L'aspect gluant du potage, et son goût délectable, est dû à la salive, sorte de mucus, des martinets Aerodramus fushipagus, et non pas des hirondelles, qui l'utilisent comme matériau de base de leurs nids...  JPEG - 46 ko
Potage au nid d’hirondelle
L’aspect gluant du potage, et son goût délectable, est dû à la salive, sorte de mucus, des martinets Aerodramus fushipagus, et non pas des hirondelles, qui l’utilisent comme matériau de base de leurs nids...

On parle de nid d’hirondelle, mais il serait plus juste de parler de nid de martinet ou de Salangane à nid blanc. Seules quelques espèces de martinets secrètent un mucus comestible, qu’ils utilisent pour construire leurs nids. Le nid de ces espèces est partiellement comestible.

Et une seule espèce de martinet l’Aerodramus fushipagus walet sarang putih » en Indonésien ou « yen-ou » en chinois), la salangane à nid blanc, produit un nid blanc translucide entièrement comestible.

Pour récolter les nids d’hirondelle, les hommes se rendent dans les cavités de falaises en surplomb, particulièrement abruptes et dangereuses et dans des grottes reculées dans la jungle. La cueillette des nids est particulièrement dangereuse et les hommes côtoient souvent la mort pour dénicher ce qu’ils considèrent comme un trésor.

Côté biodiversité, deux idées s’affrontent. Les cueilleurs de nids forcent les martinets à fabriquer trois nids qu’ils viennent successivement cueillir. Deux avant la ponte et un troisième lorsque les oisillons sont, d’après les cueilleurs, suffisamment forts. Ils considèrent que cela ne gène pas les martinets. Les ornithologues pensent le contraire, car pour eux, les récoltes massives et le dérangement mettent en péril les populations d’oiseaux.
Dans certains pays, il est aujourd’hui interdit de détruire les nids pour conserver l’équilibre écologique. Le martinet est un insectivore qui consomme énormément de moustiques. Et dans les pays asiatiques tropicaux, les moustiques… il doit y en avoir énormément.

En Thaïlande et en Indonésie, pour faire face à la régression des martinets, des bâtiments sont construits pour accueillir les oiseaux en grand nombre. On y récolte bien sûr les nids. Mais, cela n’empêche pas le déclin de certaines espèces.

Un nid d’hirondelle, comment ça se mange ?

On parle des oiseaux, mais, les nids en potage, ça se prépare comment ?
Il faut tout d’abord débarrasser le nid de salangane de toutes ses poussières et débris, impuretés et plumes.
Le nid doit être propre, uniquement composé du mucus séché de salangane. C’est pour cette raison que la petite industrie de récolte des nids dans des fermes détache, pendant la nuit quand les oiseaux dorment, le troisième nid encore vide qui vient d’être fabriqué et n’a pas encore servi aux oiseaux.

Ensuite, le nid de salive (mais si..) est cuit plus de trois heures dans de l’eau bouillante. Il va alors se déliter en de nombreuses particules de fibres blanches. Cette substance est récupérée pour composer certains plats comme la célèbre soupe de nid d’hirondelle.

La salangane est un oiseau de la famille des Apodidae. Il existe de nombreuses espèces de salanganes : salangane soyeuse, salangane à nid blanc ( Aerodramus fushipagus), salangane pygmée, salangane de l’Himalaya, salangane des Mascareignes... On les trouve principalement en Asie et elles sont particulièrement prisées pour le mets de choix que représentent leurs nids. En effet, ces petites coupes translucides faites d’algues et de salive sont très appréciées dans toute l’Asie du sud-est. En décoction dans une soupe, ces nids posséderaient dit-on des vertus aphrodisiaques.

La salangane des Mascareignes est parfois appelée petite hirondelle. D’une longueur de 10,5 cm, elle a un bec court et noir, comme ses pattes. Sur le dessus, son plumage est brun, fuligineux ou complètement noir, sauf les couvertures sus-caudales, d’un blanc sale. Elle est endémique des Mascareignes (Réunion, Maurice, Rodrigues). A la Réunion, la population de salanganes a substantiellement augmenté et pourrait être supérieure à 10000 individus adultes. Sur l’île Maurice en revanche, la population a continué à décliner ces vingt dernières années. Quelques sites comptent plus de 1500 oiseaux à eux seuls. Ils restent menacés par le développement en cours du canyoning et de la spéléologie.